Plateformes de travaux : y aller ou pas ?

Nos ressources / Raphaelle

De plus en plus nombreuses, des plateformes web proposent la mise en relation entre artisans du bâtiment et futurs clients. Infos et conseils sur ces nouveaux outils.

 

 

Une « ubérisation » du secteur du bâtiment ?

Après les hôtels, les taxis ou encore la livraison de repas à domicile, le bâtiment est à son tour touché par le phénomène des plateformes de mise en relation. Le marché est en plein essor depuis le début des années 2010 et, dans l’attente de l’émergence de quelques acteurs dominants, peine à se structurer.

 

La Fédération française du bâtiment (FFB) a ainsi recensé plus de 150 plateformes de travaux différentes dans un état des lieux réalisé en 2017. Parmi celles-ci, elle distingue 3 grands modèles :

 

  • Les peer-to-peer : des plateformes concernant majoritairement des petits travaux et du bricolage, où se proposent particuliers bricoleurs ou micro-entrepreneurs.
  • Les pro-to-peer : des plateformes avec des demandes davantage qualifiées et un panier moyen plus important, pour les professionnels du bâtiment ciblant une clientèle de particuliers.

  • Les pro-to-pro : principalement des systèmes de plateformisation de services entre professionnels (par exemple, dans l’approvisionnement des distributeurs à destination des entreprises).

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On notera néanmoins qu’une course de taxi ou une nuit d’hôtel s’avèrent des services assez faciles à « standardiser ». Il en va différemment des travaux du bâtiment où le coût final dépend de multiples facteurs…

 

Cette particularité protège le secteur d’un éventuelle « ubérisation ». Selon l’état des lieux de la FFB, seuls 13 % des professionnels du bâtiment estiment que les plateformes de travaux concurrencent leur activité.

Quand s’inscrire sur une plateforme de travaux ?

Pour les artisans du bâtiment, l’inscription sur une plateforme de mise en relation a un coût (voir paragraphe suivant). Ainsi, mieux vaut s’assurer de la pertinence de cette solution avant de franchir le pas. Voici les éléments à prendre en considération.

 

Améliorer sa visibilité sur internet : plutôt oui
C’est indéniablement le point fort de ces nouveaux acteurs du numérique : le web est leur métier et leur spécialité. Alors que les entreprises du bâtiment peinent souvent à être visibles en ligne, les plateformes dépensent beaucoup de moyens pour leur référencement sur internet. On gagnera donc à s’inscrire sur une de ces plateformes pour être trouvé plus facilement grâce à une recherche web.

 

Gagner du temps et des clients : ça dépend
L’adhésion à une plateforme permet souvent d’obtenir plus que de simples contacts, certaines plateformes proposant également des services de formulation de devis, de suivi du projet et de gestion du paiement. Cette offre de services la plus qualitative peut être un bon moyen d’acquérir une nouvelle clientèle, lorsqu’on s’installe, ou de développer sa clientèle existante. Mais la plateforme ne remplace pas entièrement le contact commercial : au final, c’est à l’artisan de convaincre de la qualité de son travail.

 

Se faire connaître en zone rurale : plutôt non
Pour les artisans du bâtiment, le bouche à oreille reste encore le principal canal d’apport d’affaires. Et cela est particulièrement vrai dans les zones rurales. L’inscription sur une plateforme de mise en relation y fonctionnera souvent moins bien.

Combien ça coûte ?

Les plateformes de travaux font payer leurs services aux professionnels du bâtiment. Pour se rémunérer, toutes n’ont pas le même modèle.

 

Assez souvent, les plateformes proposent l’achat de contacts clients (ou « leads ») qualifiés. On pourra avoir des offres forfaitaires (on achète un certain nombre de contacts) ou payer pour chaque contact obtenu. Il faut compter en général 20 à 25 euros par contact qualifié, mais les tarifs peuvent aller jusqu’à 40 euros.

 

D’autres plateformes proposent de se rémunérer une fois le chantier obtenu. Dans ce cas, elles prélèvent une somme forfaitaire pour chaque chantier ou prennent une commission sur le montant des travaux réalisés. Cette commission représente en moyenne autour de 2 % des sommes, mais peut grimper jusqu’à 15 %.

 

En plus de ces deux systèmes, certaines plateformes demandent également de souscrire à un abonnement mensuel pour accéder à leur service.

Bien choisir sa plateforme de travaux

Les plateformes de travaux se livrent une forte concurrence. Toutes ne proposent pas la même qualité de service et n’ont pas la même audience.

 

Avant de s’inscrire sur une ou plusieurs plateformes, on peut vérifier que celle(s)-ci répond(ent) bien aux « 10 points clés » listés par la FFB :

 

  1. 1 – Notoriété. On vérifiera le bon référencement de la plateforme sur certains mots-clés, sa réputation et le « profil » des autres inscrits.
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  3. 2 – Expertise. Pour une question d’image et pour éviter les prix trop bas, mieux vaut éviter les plateformes permettant à des non-professionnels de proposer leurs services.

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  5. 3 – Conditions. Avant de s’engager, il faut prendre le temps d’éplucher les conditions générales de ventes proposées par les plateformes. Certaines proposent aussi l’adhésion à une charte, à lire là aussi avec attention.
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  7. 4 – Qualifications. Certaines plateformes peuvent proposer des offres de services relevant normalement d’une qualification professionnelle et qui seront proposées par des non professionnels. Il ne faut pas hésiter à signaler ces abus.
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  9. 5 – Autonomie commerciale. On vérifiera que la contractualisation avec la plateforme n’empêchera pas de pouvoir faire ultérieurement des offres directes à des clients rencontrés par son intermédiaire, ou de choisir certains matériaux.

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  11. 6 – Modalités de rémunération. Abonnement, commission, forfait… : il faut bien s’informer sur les coûts de la plateforme et les modalités de leur facturation.

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  13. 7 – Délai de règlement. On vérifiera le délai de règlement du prix à compter de l’achèvement des travaux, ainsi que la possibilité d’acompte à la commande.
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  15. 8 – Avis et notation. Les mauvais avis sur internet peuvent entacher sa réputation d’artisan. Aussi on veillera à ce que la plateforme propose un certain nombre de garanties (contenus modérés, avis ouverts aux seuls inscrits, possibilité de droit de réponse…).

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  17. 9 – Image. En corolaire au point précédent, le professionnel devra vérifier régulièrement les avis déposés sur la plateforme à son sujet.

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  19. 10 – Médiateur. On vérifiera les modalités prévues par la plateforme en cas de litiges. Celle-ci est notamment obligée d’informer de la possibilité de recours à un médiateur (pour le bâtiment, le médiateur Médicys est conseillé).
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Quelques plateformes à connaître

Face à la profusion de plateformes de travaux existantes, pas facile de faire son choix. Celui-ci dépendra des 10 points précédemment exposés. Mais on aura également à définir le service le plus pertinent en fonction de son domaine d’activité ou même de son périmètre d’intervention géographique.

 

Sans que celles-ci ne constituent le seul choix possible, on signalera ces quelques exemples de plateformes au profil plutôt « vertueux ».

 

Plateforme 360travaux®
La plateforme 360travaux a été lancée en février 2019 par la Capeb. L’organisation professionnelle n’en est pas à son premier essai, puisqu’elle avait auparavant déjà testé sa propre plateforme Bati Devis. La plateforme 360travaux se veut conçue par et pour les artisans du bâtiment. L’inscription est gratuite, les contacts qualifiés et proposés à deux entreprises au maximum. La rémunération de la plateforme est basée à la commission.

Consulter la plateforme 360travaux 

 

 

Plateformes adhérentes à la charte FFB
La Fédération française du bâtiment (FFB) a publié en 2017 une charte de bonnes pratiques. En y adhérant, les plateformes s’engagent notamment à respecter l’autonomie commerciale des professionnels, à ne pas employer des modalités de rémunérations excessives, ou à vérifier le sérieux des clients faisant appel à la plateforme.

Aujourd’hui, seules deux plateformes adhèrent à la charte FFB : Homly You et ProHéros.

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