Le secteur du bâtiment et des travaux publics manque cruellement de mixité. Des initiatives émergent néanmoins pour tenter de renverser la balance.
La parité est –très- loin d’être atteinte dans les métiers de la construction. Selon les chiffres de l’observatoire des métiers du BTP, les femmes ne représentaient que 12 % des salariés du secteur en 2018. Et cette proportion cache elle-même de très forte disparités selon les fonctions occupées.
Ainsi, les emplois féminins dans le BTP se concentrent dans les métiers administratifs et commerciaux (occupés à plus de 82 % par des femmes). En revanche, les femmes ne représentent que 10,5 % des effectifs technique et d’encadrement. Et sur les fonctions de production, soit les postes exercés sur les chantiers, elles ne sont plus que 7,4 % !
Lorsqu’on se penche plus précisément sur les métiers exercés par les femmes, on s’aperçoit que celles-ci ont su se faire une –petite- place dans certains des postes les plus qualifiés. Ainsi, 19 % des ingénieurs du BTP et 5 % des conducteurs de travaux sont des femmes. Mais elles ne sont que 0,7 % parmi les chefs de chantiers…
D’autres métiers manquent cruellement de femmes. En 2018, il n’y avait que 4 femmes constructrices de routes et 6 femmes mécaniciennes d’engin ! Parmi les métiers très peu féminisés, on citera aussi ceux de plombier (0,31 % de femmes), de maçon (0,27 %), de charpentier (0,33 %), ou de couvreur (0,32 %). Sur les chantiers, un métier fait néanmoins apparaître des chiffres un peu meilleurs en matière de féminisation. Il s’agit de celui de peintre, avec 4,2 % de femmes dans ses effectifs.
+ 4,6 % : c’est l’augmentation des effectifs féminins salariés dans le bâtiment entre 2007 et 2017 (Source : chiffres-clés Capeb 2019).
Au vu des statistiques, force est de constater que la féminisation des métiers du bâtiment demeure un chantier bien loin d’être achevé. Cantonnées dans des rôles administratifs, de secrétaire à comptable, les femmes ont du mal à franchir la frontière des autres métiers du secteur.
L’argument le plus répandu est que la pénibilité de certains métiers, en particulier dans le gros œuvre, les rendraient inaccessibles aux femmes. Sans remettre en cause les contraintes physiques importantes de certaines professions du bâtiment (port de charges lourdes, bruit, vibrations…), force est de constater que cette explication ne suffit pas à elle seule à expliquer les énormes disparités existantes.
Pourquoi si peu de femmes conductrices de grues ? Ces engins, comme d’autres utilisés sur les chantiers actuels sont désormais de plus en plus maniables et confortables. La rareté des femmes maçon ou couvreur ne peut non plus être attribuée au seul port de charges lourdes. Cette contrainte peut en effet être contournée par l’utilisation d’engins de levage ou le choix de conditionnements plus légers pour les matériaux. Sans compter que la mise en œuvre de telles mesures est de nature à bénéficier à tous les salariés, hommes ou femmes, en diminuant les risques d’accident du travail et de troubles musculo-squelettiques (TMS).
A quoi alors attribuer la rareté des femmes dans le BTP ? Surtout à des stéréotypes encore trop bien ancrés. Comme le rappelle une étude récente de la faculté de Montpellier, c’est la société entière qui freine la féminisation de ce secteur. Ainsi, chefs d’entreprises mais aussi parents, clients, collègues, époux, enfants, voisins ou amis se rejoignent pour transmettre la pensée collective que certains métiers du bâtiment ne seraient pas faits pour les femmes…
Tant que persisteront les stéréotypes, il restera difficile pour les jeunes filles comme pour les femmes adultes en reconversion de se projeter dans les métiers du BTP. Et alors que le secteur peine à recruter, il est certainement dommage de se priver des profils féminins !
Les professionnels du secteur l’ont bien compris. Au côté de l’éducation nationale et d’autres partenaires institutionnels, ils multiplient depuis plusieurs années les initiatives pour changer les mentalités. Voici un panorama, non exhaustif, des actions menées dans le domaine.
La Capeb organise chaque année le concours national « Conjuguez les métiers du bâtiment au féminin ». Destiné aux collégiens, il vise à promouvoir l’accès des femmes aux métiers du secteur à travers des rencontres avec des professionnel.le.s.
Organisé par les groupes femmes dirigeantes de la FFB, cet évènement sportif et festif rassemble des femmes du bâtiment et des travaux publics. Il est l’occasion de valoriser leur présence dans le secteur et d’inciter d’autres femmes à rejoindre la profession.
Association basée à Montpellier, Bâtir au féminin réunit des femmes de tous les métiers du bâtiment. A travers ses actions, elle promeut la féminisation du secteur et lutte contre les stéréotypes.
Women can build est un projet européen piloté par l’organisation professionnelle de la construction espagnole. Il vise à faire tomber les barrières sociales et culturelles empêchant les jeunes filles et les femmes de s’orienter vers les métiers du bâtiment et des travaux publics.
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