Mettre en commun entre plusieurs entreprises, plusieurs chantiers ou entre les différentes phases est une solution économique et écologique. C’est aussi un bon moyen d’améliorer les conditions de travail.
Comme dans de nombreux secteurs, le bâtiment a connu une évolution de son organisation très marquée depuis plusieurs décennies. Fini le temps où une seule entreprise prenait en charge l’ensemble d’un chantier de A à Z. L’activité est aujourd’hui très segmentée et chacun se concentre sur son cœur de métier. La sous-traitance permet ensuite de déléguer le reste.
Cette évolution a souvent permis de gagner en efficacité et d’abaisser les coûts. Il existe néanmoins un revers de la médaille important.
Ce découpage en petits bouts des chantiers a en effet supprimé une coordination très en amont entre les différents acteurs. Une organisation qui permettait notamment de mutualiser moyens et services.
Aujourd’hui la logique d’atomisation des prestations touche à ses limites et les avantages de la mise en commun réapparaissent.
Classiquement, le gros œuvre se gère souvent via une entreprise unique. Cette dernière va pouvoir mettre en œuvre des moyens techniques importants. Elle va devoir également respecter une réglementation stricte, en particulier en terme de sécurité ou d’hygiène.
C’est le passage au second œuvre (aménagement intérieur, peinture, électricité,…) qui pose désormais problème. L’entreprise initiale va laisser place à une multitude de prestataires de type TPE et PME voir indépendants.
Ces derniers, sans coordination ni moyens suffisants, ne pourront pas, seuls, mettre en place des infrastructures lourdes. Par exemple, des ascenseurs de chantiers pour la manutention, des échafaudages aux normes ou encore des sanitaires et installations de vie. Le recyclage des déchets des chantiers est également difficile à assumer par de petites structures.
Il est donc très clair qu’une mutualisation des outils, moyens et services sur les chantiers permettrait d’assurer de meilleures conditions de travail mais elle permet également de faire des économies.
Il existe plusieurs projets visant à permettre une mutualisation dans le secteur du bâtiment qui s’appuient sur les nouvelles technologies.
Un des plus important est proposé dans la région de Bordeaux avec la plateforme online Noé.
Issu d’un partenariat entre Eiffage et Suez, le concept vise à simplifier et optimiser la mutualisation inter-chantiers sur la zone Bordeaux Euratlantique. Sur cette imposante zone d’aménagement planifiée sur 20 ans, la plateforme Noé permet de trouver en ligne des très nombreux services de mutualisation. De la gestion des déchets à la base de vie en passant par la relation BIM, les professionnels pourront optimiser des pans entier de leur activité à un coût attractif.
Orienté vers des chantiers plus réduits , le site equipementsapartager.com propose une location courte durée d’équipements sous utilisés par des entreprises du BTP. Lancé en 2017, le site connaît un succès progressif sur le nord de la France avec l’ambition de toucher tout le territoire voir l’international. Avec son modèle calqué sur Airbnb, le site promet de faire en moyenne 30 % d’économie par rapport à un loueur classique.
A Marseille, Kaufman&Broad a choisi la mutualisation des moyens de manutention et leur mise en continuité tout le long du chantier du projet Effervescence. Une démarche économique qui permet aussi d’assurer de meilleures conditions de travail à long terme pour la construction de ce centre commercial et plus de 200 logements. L’entreprise prévoit d’incorporer la mutualisation dans ses futurs projets dès la conception et le design des architectes.
A Nantes, c’est l’agglomération qui entend prendre les devants et coordonner les nombreux futurs chantiers, en particulier en centre ville. Il s’agit d’optimiser la logistique sur les divers projets à travers la mutualisation afin de minimiser les nuisances. Approvisionnement, construction et démolition, tout passera par un centre de pilotage et une organisation en lot logistique qui favorise la concertation.
Dernier grand projet à miser sur la mutualisation, le Grand Paris Express mène 3 projets intégrés à Cachan. Un chantier pour l’entrée d’un tunnelier, un pour la sortie d’une autre ligne et enfin la future gare Arcueil-Cachan. Sur une telle échelle, la mise en commun de moyens et la coordination organisationnelle sont largement bénéfiques.
Si elle présente de nombreux avantages, la mutualisation implique également une manière différente à la fois de s’organiser mais aussi dans le partage des responsabilités.
Dans le privé, rien n’interdit ou n’encadre la mutualisation de moyen. Dans le public, il existe néanmoins des codes de procédures précis. De manière générale, il existe un contrat dit de co-traitance qui peut prendre 3 formes distinctes.
– Le groupement conjoint où chacun n’est engagé que sur ce qu’il a à charge
– Le groupement solidaire où chaque co-traitant est engagé sur l’ensemble du projet
– Et enfin le groupement conjoint avec un mandataire solidaire où une seule entreprise est responsable de l’intégralité du marché
Bon à savoir : retrouvez ici un guide complet sur la mutualisation de moyen pour les maîtres d’ouvrages
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